Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/357

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pièces de batterie, dont il parut admirer la grandeur, aussi-bien que la grosseur et le poids des boulets. Le chef d’escadre saisit cette occasion pour insinuer que les Chinois manqueraient de prudence s’ils tardaient à lui accorder ses demandes. Il fit des plaintes de la conduite des officiers de la douane ; et, feignant de les croire bien convaincus que le Centurion seul était capable de détruire tous les bâtimens chinois qui se trouvaient dans la rivière de Canton, il ajouta que, si les procédés violens n’étaient pas convenables entre les nations amies, il ne convenait pas non plus de laisser ses amis périr de misère dans un port, surtout lorsqu’ils offraient de payer tout ce qui leur serait accordé. Le mandarin reconnut la justice de ce langage. Il déclara civilement que la commission dont on l’avait chargé l’obligeait de se regarder comme l’avocat du vaisseau anglais : il assura qu’à son retour à Canton, on tiendrait un conseil dont il était membre ; et que, sur ses représentations, il ne doutait pas que toutes les demandes du chef d’escadre ne fussent accordées. Enfin, s’étant fait donner une liste de toutes les provisions nécessaires au vaisseau, il écrivit au bas la permission de les acheter ; et il commit de suite un officier pour les faire fournir chaque jour au matin.

Après cette favorable explication, le chef d’escadre invita les trois mandarins dîner, en s’excusant sur sa situation de ne pouvoir leur