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sion du conseil jusqu’au 6 janvier 1743. Dès le lendemain quantité d’ouvriers chinois vinrent à bord, et le travail fut poussé avec vigueur ; il ne laissa pas d’être troublé par différens bruits, qui firent craindre aux Anglais d’être attaqués dans le port de Tipa. Ils apprirent en effet dans la suite que le conseil de Manille, informé qu’ils étaient à caréner leur vaisseau dans ce port, avait conçu le projet d’y faire mettre le feu par un capitaine espagnol, qui s’était chargé de cette entreprise pour la somme de quarante mille piastres, et que ce dessein n’avait manqué que par la mauvaise intelligence du gouverneur et des marchands de Manille. Ils auraient eu le temps de l’exécuter, car on vit arriver le mois d’avril avant que le radoub, le chargement des provisions et l’équipement du vaisseau fussent achevés ; les Chinois s’ennuyaient de ces longueurs. Deux chaloupes envoyées de Macao vinrent presser Anson de partir. Ce message, qui fut renouvelé plusieurs fois, lui parut assez injurieux pour lui faire répondre d’un ton ferme qu’il en était importuné, et qu’il partirait quand il le jugerait à propos. Mais sa réponse irrita aussi les magistrats chinois. Ils défendirent qu’on portât plus long-temps des vivres au vaisseau ; et cet ordre, qui ne fut que trop fidèlement observé, força les Anglais de lever l’ancre aussitôt qu’ils eurent congédié les ouvriers.

Ils firent voile le 19 avril. Heureusement ils se retrouvaient avec un vaisseau réparé, une