Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/387

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faiblesses humaines, à des hommes qu’une injure soudaine provoque à la vengeance, que la présence d’un danger imprévu peut porter à un acte de violence pour s’y soustraire, qu’un défaut de jugement ou une passion extrême peut égarer, et qui sont toujours disposés à étendre l’empire des lois auxquelles ils sont soumis sur ceux qui ne connaissent même pas ces lois : tous les excès commis par quelque effet de ces imperfections naturelles de l’homme sont des maux inévitables.

» On dira peut-être encore que, si l’on ne peut éviter de semblables malheurs en allant découvrir des pays inconnus, il vaut mieux renoncer à ces découvertes ; je répondrai que, d’après les seuls principes sur lesquels cette question peut être fondée, il ne pourrait être permis en aucun cas d’exposer la vie des hommes pour des avantages de même espèce que ceux qu’on se propose en découvrant des terres nouvelles. S’il n’est pas permis de s’exposer à tuer un Indien pour venir à bout d’examiner le pays qu’il habite, dans la vue d’étendre le commerce ou les connaissances humaines, il ne le sera pas davantage d’exposer la vie de ses concitoyens pour étendre son commerce avec des peuples déjà connus. Si l’on ajoute que le danger auquel ceux-ci se soumettent est volontaire, au lieu que l’Indien se trouve malgré lui exposé au risque de perdre la vie, la conséquence sera encore la même ; car il est universellement convenu, d’après les princi-