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Dès que les habitans aperçoivent un vaisseau, ils crient de toutes leurs forces avec un reste de prononciation normande : « Malaguette tout plein, malaguette tout plein ; tout plein, plein, tout à terre de malaguette. » Ils reconnaissent ensuite aux réponses des matelots si le bâtiment est français. Les Dieppois donnèrent autrefois à cette ville le nom de Cestro-Paris, parce qu’elle est une des plus grandes et des plus peuplées de cette région. Ils y avaient un établissement pour le commerce du poivre de Guinée ou malaguette, et de l’ivoire. Le poivre des Indes n’était point encore connu dans l’Europe. Mais les Portugais, ayant ensuite conquis cette contrée, se répandirent sur toutes les côtes de Guinée, et s’établirent sur les ruines des comptoirs français.

Le Grand-Cestre se nommait le grand Paris, comme le Petit-Cestre, qui est quelques lieues plus loin, portait le nom de petit Paris.

Le vin de palmier et les dattes, que les Nègres aiment passionnément, y sont de la meilleure qualité du monde. Mais la principale richesse de la côte est la malaguette, dont l’abondance empêche toujours la cherté. Suivant Barbot, les Nègres de Sestos l’appellent ouaïzanzag, et ceux du cap des Palmes emaneghetta.

La plante qui porte la malaguette devient plus ou moins forte, suivant la bonté du ter-