Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il s’aigrit dans l’intervalle, les Nègres s’assemblent ordinairement le soir, pour acheter ce qui en reste aux marchands. À quelque prix que ce soit, il faut qu’ils aient de l’eau-de-vie le matin, et du vin de palmier l’après-midi. Les Hollandais sont obligés d’entretenir une garde à leurs celliers pour empêcher les Nègres de voler leur eau-de-vie et leur tabac, deux passions auxquelles ils ne peuvent résister. Leurs femmes n’y sont pas moins livrées. Dès l’âge de trois ou quatre ans, on apprend à boire aux enfans, comme si c’était une vertu.

Quoique chaque Nègre puisse prendre autant de femmes qu’il est capable d’en nourrir, il est rare que le nombre aille au delà de vingt. Ceux mêmes qui en prennent le plus se proposent moins le plaisir que l’honneur et la considération, parce que la mesure du respect entre les Nègres, c’est le nombre de leurs femmes et de leurs enfans. Ordinairement il monte depuis trois jusqu’à dix, sans compter les concubines, qui sont souvent préférées aux femmes, quoique leurs enfans ne passent pas pour légitimes. Quelques riches marchands ont vingt ou trente femmes ; mais les rois et les grands gouverneurs en prennent jusqu’à cent.

Toutes les femmes s’exercent à la culture de la terre, excepté deux, qui sont dispensées de toutes sortes de travaux manuels, lorsque les richesses du pays le permettent, La principale, qui se nomme la mulière-grande, est chargée