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ordinairement employé dans un sens religieux. Tout ce qui sert à l’honneur de la Divinité prend le même nom ; de sorte qu’il n’est pas toujours aisé de distinguer leurs idoles des instrumens de leur culte. Les brins d’or qu’ils portent pour omemens, leurs parures de corail et d’ivoire sont autant de fétiches.

Tous les voyageurs conviennent que ces objets de vénération n’ont pas de forme déterminée. Un os de volaille ou de poisson, un caillou, une plume, enfin les moindres bagatelles prennent la qualité de fétiches, suivant le caprice de chaque Nègre. Le nombre n’en est pas mieux réglé. C’est ordinairement deux, trois ou plus. Tous les Nègres en portent un sur eux ou dans leur pirogue. Le reste demeure dans leurs cabanes, et passe de père en fils comme un héritage, avec un respect proportionné aux services que la famille croit en avoir reçus.

Ils les achètent à grand prix de leurs prêtres, qui feignent de les avoir trouvé sous les arbres fétiches. Pour la sûreté de leurs maisons, ils ont à leurs portes une sorte de fétiche qui ressemble aux crochets dont on se sert en Europe pour attirer les branches des arbres dont on veut cueillir les fruits. C’est l’ouvrage des prêtres, qui les mettent pendant quelque temps sur une pierre aussi ancienne, disent-ils, que le monde, et qui les vendent au peuple après cette consécration. Dans les calamités ou les chagrins, un Nègre s’adresse aux prêtres