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pour obtenir un nouveau fétiche. Il en reçoit un petit morceau de graisse ou de suif, couronné de deux ou trois plumes de perroquet. Le gendre du roi de Fétou avait pour fétiche la tête d’un singe qu’il portait continuellement.

Chaque Nègre s’abstient de quelque liqueur ou de quelque sorte particulière d’aliment à l’honneur de son fétiche. Cet engagement se forme au temps du mariage, et s’observe avec tant de scrupule, que ceux qui auraient la faiblesse de le violer se croiraient menacés d’une mort certaine. C’est pour cette raison qu’on voit les uns obstinés à ne pas manger de bœuf, les autres à refuser de la chair de chèvre, de la volaille, du vin de palmier, de l’eau-de-vie, comme si leur vie en dépendait.

Outre les fétiches domestiques et personnels, les habitans de la côte d’Or, comme ceux des contrées supérieures, en ont de publics, qui passent pour les protecteurs du pays ou du canton. C’est quelquefois une montagne, un arbre ou un rocher ; quelquefois un poisson ou un oiseau. Ces fétiches tutélaires prennent un caractère de divinité pour toute la nation. Un Nègre qui aurait tué par accident le poisson ou l’oiseau fétiche serait assez puni par l’excès de son malheur. Un Européen qui aurait commis le même sacrilége verrait sa vie exposée au dernier danger.

Ils s’imaginent que les plus hautes montagnes, celles d’où ils voient partir les éclairs sont la résidence de leurs dieux. Ils y portent des of-