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assigner une autre cause. La côte étant assez montagneuse, il s’élève chaque jour au matin, du fond des vallées, un brouillard épais, puant et sulfureux, particulièrement près des rivières et dans les lieux marécageux, qui, se répandant fort vite avant que le soleil puisse le dissiper, infecte tous les lieux où il s’étend. Il est difficile de ne pas s’en ressentir, surtout pour les Européens, dont le corps est plus susceptible de ses impressions que celui des habitans naturels. Ce brouillard est très-fréquent pendant l’hiver, surtout aux mois de juillet et d’août, qui sont aussi les plus dangereux pour la santé.

Les maladies ne viennent pas généralement, comme le pensent quelques écrivains, de la débauche et des autres excès ; puisque, malgré beaucoup de tempérance et de régularité, on ne se garantit pas toujours des attaques les plus malignes et les plus mortelles. Cependant tous les auteurs avouent que la plupart des matelots et des soldats européens se rendent coupables de leur propre mort par l’usage excessif du vin de palmier et de l’eau-de-vie. À peine ont-ils reçu leur paie, qu’ils l’emploient à ce brutal amusement, et l’argent leur manquant bientôt pour acheter des alimens qui pourraient soutenir leur santé, ils ont recours au pain, ou plutôt aux pâtes du pays, à l’huile et au sel, qui ne réparent pas le double épuisement du travail et de la débauche. Ainsi leurs forces diminuent sensible-