Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/154

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la côte, qu’en 1651, le tonnerre y avait causé d’affreux ravages, et fait croire à tout le monde que la dissolution de l’univers approchait. L’or et l’argent se trouvèrent fondus dans les coffres, et les épées dans leurs fourreaux. La principale crainte des Hollandais était pour leur magasin à poudre. Il semblait que tous les tonnerres du pays fussent venus s’y rassembler ; mais, par une exception fort heureuse, ce fut presque le seul endroit qui s’en trouva garanti pendant toute la saison.

Les Portugais ont donné le nom de terrore à un vent de terre que les Nègres appellent harmattan, et qui est si fort dès le moment de sa naissance qu’il maîtrise aussitôt les vents de la mer. Il forme des orages qui durent ordinairement deux ou trois jours ; et quelquefois quatre on cinq. Il est extrêmement froid et perçant. Le soleil demeure caché dans l’intervalle, et l’air est si obscur, si épais et si rude, qu’il affecte sensiblement les yeux. La nudité des Nègres les expose à ressentir si vivement son action, que Bosman les a vus trembler comme dans l’accès d’une fièvre violente. Les Européens mêmes, qui sont nés dans un climat plus froid, le supportent à peine, et sont obligés de se tenir renfermés dans leurs chambres, avec le secourds d’un bon feu et des liqueurs fortes. Les harmattans règnent à la fin de décembre, et surtout pendant tout le mois de janvier. Ils durent quelquefois jusqu’au milieu de février ; mais ils perdent alors une partie de