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avec beaucoup d’art ; mais ce ne sont que des feuilles aussi minces que le papier, ou des tissus d’un fil d’or, qui n’est pas plus gros qu’un cheveu. Leurs filières sont plus belles que celles de l’Europe ; et l’expérience, plutôt que l’art, leur en fait tirer parti. Leurs rois ont de la vaisselle d’or de toutes sortes de formes. Dans les danses publiques, on voit des femmes chargées de deux cents onces d’or en divers ornemens, et des hommes qui en portent jusqu’à trois cents.

Ils distinguent trois sortes d’or : le fétiche, les lingots, et la poudre. L’or fétiche est fondu ou travaillé en différentes formes pour servir de parure aux deux sexes ; mais il s’allie communément avec quelque autre métal. Les lingots sont des pièces de différens poids, tels, dit-on , qu’ils sont sortis de la mine. Philips en avait un qui pesait trente onces. Cet or est aussi très-sujet à l’alliage. La meilleure poudre d’or est celle qui vient des royaumes intérieurs de Dunkira, d’Akim et d’Akkanez : elle est tirée du sable des rivières. Les habitans creusent des trous dans la terre, près des lieux où l’eau tombe des montagnes ; l’or est arrêté par son poids. Alors ils tirent le sable avec des peines incroyables, ils le lavent et le passent jusqu’à ce qu’ils y découvrent quelques grains d’or qui les paient de leur travail, mais avec assez peu d’usure. Nous avons vu la même méthode au Sénégal. Entre une infinité de récits qui se combattent, c’est le seul qui ait quelque vraisemblance ; car, si la nature avait