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porter patiemment la malignité de l’air et l’incommodité des chemins. Il ajoute qu’entre les arbres, les uns croissent naturellement avec tant d’ordre, que toutes les comparaisons seraient au désavantage de l’art ; tandis que les autres étendent leurs branches et se mêlent avec tant de confusion, que ce désordre même a des charmes surprenans pour les amateurs de la promenade.

Les arbres vantés par Oléarius, qui étaient capables de couvrir deux mille hommes de leur ombre, et ceux dont parle Kirker, qui pouvaient mettre à l’abri du soleil un berger avec tout son troupeau, n’approchent point, suivant Bosman, de certains arbres de la côte d’Or. Il en a vu plusieurs qui auraient couvert vingt mille hommes de leur feuillage, et quelques-uns si larges et si touffus, qu’une balle de mousquet aurait à peine atteint d’une extrémité des branches à l’autre. Ceux qui seront tentés de trouver un peu d’exagération dans ce récit doivent se rappeler ce qu’ils ont déjà lu du baobab, et de la grandeur extraordinaire des pirogues.

Ces arbres prodigieux sont une espèce de fromager, et se nomment kapots ; ils tirent ce nom d’une sorte de coton qu’ils produisent, et que les Nègres appellent aussi kapot, dont l’usage ordinaire est de servir de matelas dans un pays où l’excès de la chaleur ne permet pas d’employer la plume. Leur bois, qui est léger et poreux , n’est propre qu’à la construc-