Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/170

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un petit bois où il s’arrêta tranquillement. Le canonnier eut la hardiesse d’y entrer pour découvrir son gîte ; mais il revint bientôt avec une vive épouvante, après avoir laissé derrière lui son chapeau, son sabre et ses sandales. La panthère s’était jetée sur lui, l’avait mordu, et n’avait lâché prise que parce qu’une branche était tombée sur elle et l’avait effrayée. Un des Anglais n’entreprit pas moins de la faire déloger. Il pénétra dans le bois, son mousquet en joue ; mais la panthère se tint tranquillement assise pour lui laisser la liberté d’approcher ; et, le saisissant tout d’un coup par les épaules, elle l’abattit, et l’aurait infailliblement mis en pièces, si Bosman et ses Nègres, qui suivaient de près, n’eussent paru assez tôt pour le secourir. Si le monstre prit la fuite, ce ne fut qu’après avoir ôté à son ennemi la force de se relever pendant le reste du jour. Un facteur du fort, qui était parti après les autres avec son mousquet pour augmenter le nombre des assaillans, s’avançait d’un air résolu au moment que la panthère quittait sa retraite. Il la vit venir à lui ; et, son courage l’abandonnant à cette vue, il se mit à courir de toute sa force pour regagner le comptoir. Soit frayeur ou lassitude, il eut le malheur de tomber sur une pierre. La panthère s’approcha aussitôt de lui. Bosman et ses compagnons s’arrêtèrent tremblans à quelque distance, sans oser tirer, parce que le monstre était trop près du facteur. Ils s’attendaient à le voir déchirer à leurs yeux,