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que lui. Cependant la digestion commence à s’opérer ; alors le serpent s’engourdit, et il devient très-facile de le tuer, car il n’oppose ni résistance, ni volonté de s’enfuir. Aussi les habitans des contrées qu’il infeste vont à sa recherche, afin de s’en procurer la viande, qu’on vend par tronçons dans les marchés.

Quelquefois il cherche sa proie sur terre, se tient caché dans de grandes herbes, sous des buissons épais, dans une caverne, ou bien grimpe sur un arbre. Il vit aussi de poissons, et pour cela il a l’art d’attirer sa proie, en dégorgeant dans l’eau une petite partie des alimens à moitié digérés qui sont dans son estomac ; les poissons accourent pour s’en nourrir, et il les englobe dans son vaste gosier. Cet énorme serpent se trouve dans toutes les régions équatoriales de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique.

Beaucoup de serpens sont venimeux, surtout une espèce qui n’a pas plus de trois pieds de long, ni plus de deux paumes d’épaisseur : elle est mouchetée de blanc, de noir et de jaune. Bosman faillit un jour, près d’Axim, d’être mordu par un de ces serpens, qui s’était approché de lui sans être aperçu, tandis qu’il était assis tranquillement sur un rocher. Ces monstres infectent non-seulement les bois, mais les cabanes des Nègres, et jusqu’aux forts des Européens, où Bosman en tua plus d’un. Il conserva la peau d’un serpent mort qui avait deux têtes. Au fort hollandais d’Axim,