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quets ou des sentiers fort agréables, et la multitude des villages qui se présentent dans un si bel espace, forment la plus charmante perspective qu’on puisse s’imaginer. Il n’y a ni montagnes ni collines qui arrêtent la vue. Tout le pays s’élève doucement, jusqu’à trente ou quarante milles de la côte, comme un large et magnifique amphithéâtre, d’où les yeux se promènent jusqu’à la mer ; plus on avance, plus on le trouve peuplé ; c’est la véritable image des Champs-Élysées ; du moins les voyageurs osent donner ce nom à cette belle contrée, sans réfléchir qu’un pays où l’on trafique sans cesse de la liberté des hommes rappelle plutôt l’idée de l’enfer que celle de l’Élysée.

À ceux qui viennent de la mer cette contrée présente un spectacle charmant : c’est un mélange de petits bois et de grands arbres. Ce sont des groupes de bananiers, de figuiers, d’orangers, etc., au travers desquels on découvre les toits d’un nombre infini de villages, dont les maisons, couvertes de paille et couronnées de cannes, forment un très-beau paysage.

Les Nègres de Juida, bien différens de la plupart des peuples de Guinée, n’abandonnent que les terres absolument stériles : tout est cultivé, semé, planté, jusqu’aux enclos de leurs villages et de leurs maisons. Leur activité va si loin, que le jour de leur moisson ils recommencent à semer, sans laisser à la terre un moment de repos : aussi leur terroir est-il si