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mais les Français obtinrent par degrés la liberté d’y bâtir un fort ; et l’adresse des habitans a fait ouvrir enfin leur port à toutes les nations. Il en résulte un effet très-désavantageux pour la compagnie anglaise d’Afrique : le prix des esclaves, qui était anciennement réglé pour elle à trois livres sterling par tête (72 fr.), est monté dans ces derniers temps jusqu’à vingt (480 fr.).

Il se tient tous les quatre jours un grand marché à Sabi ou Xavier, dans différens endroits de cette ville. Il s’en tient un autre dans la province d’Aploga, où la foule est si grande qu’on n’y voit pas ordinairement moins de cinq ou six mille marchands.

Ces marchés sont réglés avec tant d’ordre et de sagesse, qu’il ne s’y passe jamais rien contre les lois. Chaque espèce de marchands et de marchandises a sa place assignée. Il est permis à ceux qui achètent de marchander aussi long-temps qu’il leur plaît, mais sans tumulte et sans fraude. Le roi nomme un juge, assisté de quatre officiers bien armés, qui a non-seulement le droit d’inspection sur toutes sortes de commerce, mais celui d’écouter les plaintes et de les terminer par une courte décision, en vendant pour l’esclavage ceux qui sont convaincus de vol ou d’avoir troublé le repos public. Outre ce magistrat, un grand du royaume, nommé le konagongla, est chargé du soin de la monnaie et des bedjis. Il en faut quarante pour faire un toqua. Cet officier exa-