Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/210

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leusement chaque fois qu’on se rencontre, fût-ce vingt fois le jour ; et la négligence dans ces usages est punie par une amende. Toute la nation, dit Desmarchais, marque une considération singulière pour les Français : le dernier roi de Juida portait si loin ce sentiment, qu’un de ses principaux officiers ayant insulté un Français, et levé la canne pour le frapper, il lui fit couper la tête sur-le-champ, sans se laisser fléchir par les ardentes sollicitations du directeur français en faveur du coupable.

Les Chinois mêmes ne portent pas plus loin les formalités du cérémonial, et ne les observent pas avec plus de rigueur. Un Nègre de Juida qui se propose de rendre visite à son supérieur envoie d’abord chez lui pour lui faire demander sa permission et l’heure qui lui convient : après avoir reçu sa réponse, il sort accompagné de tous ses domestiques et de ses instrumens musicaux, si sa condition lui permet d’en avoir : ce cortége marche devant lui lentement et en fort bon ordre ; il ferme la marche, porté par deux esclaves sur son hamac ; lorsqu’il est arrivé à quelques pas du terme, il descend et s’avance à la première porte, où il trouve les domestiques de la maison ; alors il fait cesser la musique, et se prosterne à terre avec tout son train ; les domestiques qui sont venus pour le recevoir se mettent dans la même posture ; on dispute long-temps à. qui se lèvera le premier ; il entre enfin dans la première cour, y laisse le gros de ses