Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le blé des Nègres de Juida est le millet. Ils ont l’art de le moudre entre deux pierres, qu’ils appellent pierres de kanki, à peu près comme les peintres broient leurs couleurs : de la farine pétrie avec un peu d’eau ils composent des morceaux de pâte qu’ils font bouillir dans un pot de terre, ou cuire au feu sur un fer ou une pierre ; cette espèce de pain, qu’ils appellent kanki, se mange avec un peu d’huile de palmier : une calebasse de peytou et quelques ignames, ou quelques patates qu’ils y joignent, sont la nourriture ordinaire du plus grand nombre.

La plupart des usages de Juida ont beaucoup de ressemblance avec ceux de la côte d’Or, à l’exception de ce qui regarde le culte religieux.

Les hommes ont communément un plus grand nombre de femmes que sur la côte d’Or. Sans être extrêmement fécondes, elles sont fort éloignées d’être stériles, et non-seulement les hommes sont ardens et robustes, mais ils emploient divers ingrédiens pour exciter la nature. Bosman a vu des Nègres qui se glorifiaient d’avoir plus de deux cents enfans. Ayant demandé un jour au capitaine Agoci, qui servait depuis plusieurs années d’interprète aux Hollandais, si sa famille était nombreuse, parce qu’il était toujours suivi de quantité d’enfans, le Nègre répondit avec un soupir, qu’il n’en avait que soixante-dix, et qu’il lui en était mort le même nombre. Le roi, qui