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Vers le même temps, un Nègre d’Akambo, qui se trouvait dans le pays de Juida, prit un serpent sur un bâton, parce qu’il n’osait y toucher de la main, et le porta dans sa cabane sans lui avoir causé le moindre mal. Il fut aperçu par deux Nègres du pays, qui poussèrent aussitôt des cris affreux et capables de soulever le canton. On vit accourir à la place publique un grand nombre d’habitans armés de massues, d’épées et de zagaies, qui auraient massacré sur-le-champ le malheureux Akamho, si le roi, informé de son innocence, n’eût envoyé quelques seigneurs pour l’arracher à cette troupe de furieux.

Quoique ces serpens ne soient pas capables de nuire, ils ne laissent pas d’être fort incommodes par l’excès de familiarité à laquelle ils s’accoutument. Dans les grandes chaleurs, ils entrent quelquefois cinq ou six ensemble jusqu’au fond des maisons, et même dans les lits. S’ils trouvent dans un lit qui n’est pas bien remué quelque place où ils puissent se nicher, ils y demeurent cinq ou six jours entiers, et souvent ils y font leurs petits. À la vérité, l’embarras n’est pas grand pour s’en défaire. Un appelle un Nègre, qui prend doucement ces fétiches, et qui les met à la porte ; mais s’ils se trouvent placés sur quelque solive, ou dans quelque lieu élevé des maisons, quoiqu’elles ne soient que d’un seul étage, il n’est pas aisé d’engager le Nègre à les en chasser. Un est obligé fort souvent de les y laisser