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la tête vers le fond de la fosse : de sorte qu’il est le plus souvent étouffé par la fumée avant qu’il ait pu ressentir l’ardeur du feu. Lorsqu’il ne donne plus aucun signe de vie, on délie le corps, on le jette dans la fosse, et sur-le-champ elle est remplie de terre.

Aussitôt que l’homme est mort, les femmes sortent du palais au nombre de cinquante ou soixante, aussi richement vêtues qu’aux plus grands jours de fêtes : elles sont escortées par les gardes du roi, au son des tambours et des flûtes ; chacune porte sur la tête un grand pot rempli d’eau bouillante, qu’elles vont jeter, l’une après l’autre, sur la tête de leur malheureuse compagne. Comme il est impossible qu’elle ne meure pas dans le cours de ce supplice, on délie aussitôt le corps, on arrache le pieu, et l’on jette l’un et l’autre dans la fosse, qui est remplie de pierres et de terre.

Le roi se sert quelquefois de ses femmes pour l’exécution des arrêts qu’il prononce : il en détache trois ou quatre cents, avec ordre de piller la maison du criminel, et de la détruire jusqu’aux fondemens. Comme il est défendu de les toucher sous peine de mort, elles remplissent tranquillement leur commission. Un Nègre fut informé qu’on le chargeait de certains crimes, et que les ordres étaient déjà donnés pour le pillage et la ruine de sa maison : son malheur était si pressant, qu’il ne lui restait pas même le temps dé se justifier ; mais, se rendant témoignage de son innocence, loin