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droit de la porter ; les femmes du palais ont toujours par-dessus leur pagne une écharpe de cette couleur, large de dix doigts, et longue de dix aunes, qui est liée devant elles, et dont elles laissent pendre les deux bouts.

Le roi passe sa vie avec ses femmes : il en a toujours six de la première classe, richement vêtues et couvertes de joyaux, qui se tiennent à genoux près de lui. Dans cette posture, elles s’efforcent de l’amuser par leur entretien ; elles l’habillent, elles le servent à table avec une vive émulation pour lui plaire. S’il s’en trouve une qui excite ses désirs, il la touche doucement ; il frappe des mains, et ce signal avertit les autres qu’elles doivent se retirer : elles attendent qu’il les rappelle, ou qu’il en demande six autres ; ainsi la scène change continuellement, au moindre signe de sa volonté. Ses femmes sont distinguées en trois classes : la première classe est composée des plus belles et des plus jeunes, et le nombre n’en est pas borné. Celle qui devient mère du premier fils passe pour la reine, c’est-à-dire pour la principale femme du palais, et sert de chef a toutes les autres : elle commande dans toute l’étendu de la maison royale, sans autre supérieure que la reine-mère, dont l’autorité dépend du plus ou du moins d’ascendant qu’elle a su conserver sur le roi son fils. Cette reine-mère a son appartement séparé, avec un revenu fixe pour son entretien. Lorsqu’elle s’attire un peu de con-