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que les dettes de ses sujets fussent payées dans l’espace de vingt-quatre heures ; qu’à l’égard du comptoir d’Offra, il chargerait le prince son fils et ses deux grands capitaines de s’y rendre en personne pour faire augmenter les bâtimens ; mais qu’il ne pouvait permettre aux facteurs français de bâtir suivant les usages de leur pays : « Vous commencerez, lui dit-il, par une batterie de deux pièces de canon ; l’année d’après vous en aurez une de quatre, et par degrés votre comptoir deviendra un fort qui vous rendra maître de mon pays et capable de me donner des lois. »

D’Elbée dîna chez le grand-prêtre d’Ardra qui, par une complaisance singulière et contraire aux usages du pays, lui laissa voir ses femmes. Elles étaient rassemblées dans une galerie au nombre de soixante-dix ou quatre-vingts, assises sur des nattes des deux côtés de la galerie assez serrées l’une près de l’autre. L’arrivée du pontife et celle des étrangers parut leur causer aussi peu d’émotion que de curiosité. Leur modestie dans une occasion si extraordinaire parut fort louable à d’Elbée. Mais que penser de Labat, son éditeur, qui semble croire ici qu’en vertu de sa correspondance avec le diable, le grand-prêtre avait fasciné les yeux de ses femmes jusqu’à les empêcher d’apercevoir les Français ?

Au coin de la galerie, d’Elbée observa une figure blanche de la grandeur d’un enfant de quatre ans. Il demanda ce qu’elle signifiait :