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sont nés dans l’esclavage, tels que les enfans mêmes des esclaves, à quelque fonction que leurs pères aient été employés. Enfin d’autres sont des débiteurs insolvables qui ont été vendus au profit de leurs créanciers. Tous les Nègres qui ont manqué de soumission pour les ordres du roi sont condamnés à mort sans espérance de grâce, et leurs femmes, avec tous leurs parens, jusqu’à un certain degré, deviennent esclaves du roi.

Les compagnies de France et de Hollande ayant eu quelques démêlés pour la préséance, le roi d’Ardra, pour s’éclaircir des droits et de la puissance de leurs maîtres, envoya un ambassadeur à Louis XIV, en 1670. On étala devant lui toute la magnificence de la cour, et l’audience fut pompeuse. Avant d’y arriver, il visita les appartemens ; il vit les troupes de la maison du roi et tout ce que Versailles pouvait avoir de plus brillant. Il regarda tout avec beaucoup d’attention ; et lorsqu’on lui demanda ce qu’il en pensait, il répondit : « Je vais voir le roi, qui est fort au-dessus de tout ce que je vois. » Cette réponse, quoique ingénieuse et délicate, ne doit pas étonner dans un courtisan d’un monarque africain, accoutumé chez lui à rapporter toutes ses idées au respect le plus servile de la royauté. Chez ces peuples barbares, comme chez les peuples polis, on sait flatter partout où il y a un maître.

Bosman, et Bardot après lui, divisent cette région en deux parties, qu’ils nomment le