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Après cette première exécution, le premier ministre d’état en va rendre compte au successeur du roi mort, qui se rend aussitôt sur le bord du puits, et qui, l’ayant fait fermer en sa présence, fait apporter sur la pierre toutes sortes de viandes et de liqueurs pour traiter le peuple. Chacun boit et mange abondamment jusqu’à la nuit. Ensuite cette multitude de gens échauffés par le vin parcourt toutes les rues de la ville en commettant les derniers désordres. Elle tue tout ce qu’elle rencontre, hommes et bêtes, leur coupe la tête, et porte les corps au puits sépulcral, où elle les précipite comme une nouvelle offrande que la nation fait à son roi. Quelles mœurs épouvantables ! Il semble que sous cette zone brûlante les têtes soient de temps en temps agitées d’un délire sanguinaire, et que ces peuples barbares aient un affreux besoin de crimes, de superstitions et de sang. Tel est donc l’homme de la nature, fort au-dessous des tigres et des singes, quand sa raison n’est pas cultivée !

Ils ont peu d’industrie et de goût pour le travail. Tous ceux qui ne sont point assez pauvres pour se trouver forcés d’employer leurs bras laissent le fardeau des occupations manuelles à leurs femmes et à leurs esclaves.

Tous les esclaves mâles qui servent ou qui se vendent dans le pays sont étrangers ; ou si quelques habitans sont condamnés à l’esclavage pour leurs crimes, il est défendu de les vendre