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Dans tous les pays qui bordent la rivière, la multitude des bêtes farouches est incroyable, surtout d’éléphans, de buffles et de sangliers. Bosman, ayant pris terre avec le capitaine de son vaisseau et quelques domestiques, poursuivit, l’espace d’une heure, un éléphant qui avait marché pendant plus d’une lieue sur le rivage, à la vue du vaisseau ; mais il disparut heureusement dans un bois ; car, avec si peu d’hommes, qui n’étaient armés que de mousquets, il y avait de l’imprudence à presser un animal si redoutable. En revenant de cette chasse, Bosman rencontra cinq autres éléphans en troupes qui, jetant sur lui et sur son cortége un regard indifférent, comme s’ils n’eussent pas jugé quelques hommes dignes de leur colère, les laissèrent passer tranquillement ; Bosman et ses compagnons, par cette espèce de respect qui naît de la crainte, les saluèrent en ôtant leur chapeau.

Un autre jour, Bosman tomba sur une bande d’environ cent buffles, et les ayant forcés de se séparer en plusieurs troupes, il s’attacha aux plus voisins, sur lesquels ses gens firent pleuvoir une grêle de balles : il ne parut pas que ces farouches animaux s’en fussent ressentis ; mais ils regardaient leurs ennemis d’un air irrité, comme s’ils leur avaient reproché cet outrage.

La plupart de ces buffles étaient rougeâtres ; ils avaient les cornes droites et penchées vers les épaules, de la grandeur à peu près de cel-