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ploient point d’autre instrument qu’une sorte de truelle, mais plus large et plus creuse que celle de nos maçons.

Entre les arbres extraordinaires, on vante l’enzanda, le métombas et l’alikondi, qui servent tous trois à faire des étoffes. Il n’y a point de canton dans le royaume de Loango qui ne produise en abondance le métombas, et où l’on n’en tire beaucoup d’utilité. Le tronc fournit d’assez bon vin, quoique moins fort que le vin de palmier ; de ses branches on fait des solives et des lattes pour les maisons, et des bois de lit. Les feuilles servent à couvrir les toits, et résistent aux plus fortes pluies ; mais le plus grand usage est pour la fabrique d’une espèce d’étoffe dont tout le monde est vêtu dans le royaume.

L’alikondi ou l’alekonde est d’une hauteur et d’une grosseur singulières ; on en voit de si gros, que douze hommes n’en embrasseraient pas le tronc. Ses branches s’écartent comme celles du chêne. Il s’en trouve de creux qui contiennent une prodigieuse quantité d’eau : Mérolla ne craint pas de la faire monter jusqu’à trente ou quarante tonneaux ; et s’il faut l’en croire, elle a servi pendant vingt-quatre heures à désaltérer trois ou quatre cents Nègres, sans être entièrement épuisée. Ils emploient, pour monter sur l’arbre, des coins de bois dur, qui s’enfoncent aisément dans un tronc dont la substance est fort tendre. Ces arbres étant fort communs, et la plupart creux par le pied,