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le ciel. S’il pleut le même jour, les réjouissances et les acclamations sont poussées jusqu’à l’extravagance.

L’usage absurde et barbare des épreuves juridiques, qui domine dans toute la Guinée, n’est pas moins en usage à Loango. L’engagement le plus solennel se fait en avalant la liqueur de bonda.

Cette liqueur, qui se nomme aussi imbonda, est le suc d’une racine : on la râpe dans l’eau. Après y avoir longtemps fermenté, elle forme une liqueur aussi amère que le fiel. Si on en râpe trop dans une petite quantité d’eau, elle cause une suppression d’urine ; et, gagnant la tête, elle y répand des vapeurs si puissantes, qu’elle renverse infailliblement celui qui l’avale. C’est le cas où il est déclaré coupable.

La liqueur de bonda sert aussi à découvrir la cause des événemens. Les Nègres de Loango s’imaginent que peu de personnes finissent leur vie par une mort naturelle : ils croient que tout le monde meurt par sa faute au par celle d’autrui. Si quelqu’un tombe dans l’eau et se noie, ils en accusent, quelque sortilége. S’ils apprennent qu’une panthère ait dévoré quelqu’un, ils assurent que c'est un dakkin ou un sorcier qui s’est revêtu de la peau de cet animal. Lorsqu’une maison est consumée par un incendie, ils racontent gravement que quelque mokisso y a mis le feu. Ils ne sont pas moins persuadés, lorsque la saison des pluies arrive trop tard, que c’est l’effet du mécontentement de quelque