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mokisso qu’on laisse manquer de quelque chose d’utile ou d’agréable. Comme il paraît important de découvrir la vérité, on a retours à la liqueur de bonda. Les personnes intéressées s’adressent au roi pour le prier de nommer un ministre, et cette faveur coûte une certaine somme. Les ministres de la bonda sont au nombre de neuf ou dix, qui se tiennent ordinairement assis dans les grandes rues. Vers trois heures après midi, l’accusateur leur apporte les noms de ceux qu’il soupçonne, et jure par les mokissos que ses dépositions sont sincères. Les accusés sont cités avec toute leur famille ; car il arrive rarement que l’accusation tombe sur un seul, et souvent tout le voisinage y est compris. Ils se rangent sur une ou plusieurs lignes pour s’approcher successivement du ministre, qui ne cesse point, pendant les préparatifs, de battre sur un petit tambour. Chacun reçoit sa portion de liqueur, l’avale, et reprend sa place.

Alors le ministre se lève, et lance sur eux des petits bâtons de bananier, en les sommant de tomber, s’ils sont coupables, ou de se soutenir sur leurs jambes et d’uriner librement, s’ils n’ont rien à se reprocher. Il coupe ensuite une de ces mêmes racines dont la liqueur est composée, et jette les pièces devant lui. Tous les accusés sont obligés de marcher dessus d’un pas ferme. Si quelqu’un a le malheur de tomber, l’assemblée pousse un grand cri, et remercie les mokissos de l’éclaircissement qu’ils accordent à la vérité. Ses accusateurs le con-