Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tugais étaient accoutumés à jeter parmi eux pour causer du désordre dans leurs rangs. Il leur recommanda de tirer aux hommes, sans s’amuser aux chevaux, qui ne devaient pas leur paraître aussi terribles que les lions, les panthères et les éléphans. Il ordonna que celui qui tournerait le dos fût tué sur-le-champ par ses voisins, et que, si plusieurs avaient cette lâcheté, loin d’être plus épargnés, ils fussent regardés par les autres comme leurs premiers ennemis ; car il est question, leur dit-il, de périr glorieusement plutôt que de mener une vie misérable. Enfin, pour ne laisser aucun sujet d’inquiétude à ceux qui promettaient de le suivre, il voulut que tous les animaux domestiques fussent massacrés ; et, donnant l’exemple le premier, il égorgea aussitôt tous les siens. Cet ordre fut exécuté si ponctuellement, que toute la race des bestiaux, surtout celle des vaches, est presque entièrement détruite dans le comté de Sogno. On y a vu vendre une petite fille pour un veau, et une femme pour une vache.

Il ne restait au comte qu’à fortifier son armée par le secours de ses voisins. L’intérêt commun eut la force d’en rassembler un grand nombre ; ainsi, marchant avec ses légions de Nègres, il trouva bientôt l’occasion de surprendre des ennemis qui prenaient trop de confiance dans leurs victoires. Comme ils avan-

    avaient à combattre des couteaux, des rubans et des colifichets.