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çaient sans ordre et sans précaution, ils tombèrent imprudemment dans la première embuscade : les diaggas et leur chef donnèrent l’exemple de la fuite ; ils furent suivis par les troupes de Congo. Les esclaves qu’ils avaient faits dans la première bataille, étant abandonnés par leurs gardes, rejoignirent leurs amis, et tournèrent avec eux toute leur fureur contre les Portugais, qui disputaient encore le terrain ; mais, accablés par le nombre, ils se virent forcés de tourner le dos, sans pouvoir éviter d’être massacrés dans leur fuite ; il n’en resta que six, qui furent faits prisonniers et présentés au comte. Après les avoir regardés quelque temps d’un air furieux, il leur laissa le choix ou de mourir avec leurs compagnons, ou de vivre esclaves. Mérolla leur prête une réponse fort noble : « On n’a point encore vu, lui dirent-ils, de blancs qui aient daigné servir des Nègres, et nous n’en donnerons point l’exemple. » À peine eurent-ils prononcé ces mots, qu’ils furent tués sous les yeux du vainqueur. L’artillerie et le bagage de leur nation tombèrent entre les mains des Nègres de Sogno, qui les vendirent dans la suite aux Hollandais. Mérolla assure que la Compagnie de Hollande employa ces dépouilles portugaises à munir un fort de terre qu’elle avait fait bâtir à l’embouchure du Zaïre, et qui commande ce fleuve et la mer.

En partant de Loanda pour se rendre à l’armée de Congo, les Portugais, trop accou-