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30 minutes, et 16 degrés 15 minutes de latitude sud.

L’air est si dangereux dans le pays de Benguéla, et communique aux alimens des qualités si pernicieuses, que les étrangers qui en usent à leur arrivée n’évitent point la mort ou de fâcheuses maladies. On conseille ordinairement aux passagers de ne pas descendre à terre, ou du moins de ne pas boire de l’eau du pays, qu’on prendrait pour une lie épaisse. On reconnaît aisément combien l’air est dangereux pour les blancs ; tous ceux qui habitent le pays ont l’air d’autant de morts sortis du tombeau ; leur voix est faible et tremblante, et leur respiration entrecoupée, comme s’ils la retenaient entre les dents. Carli, qui fait d’eux cette peinture, se dispensa de résider dans un si triste lieu.

Du temps de Lopez et de Battel, les Européens n’avaient qu’un établissement dans cette baie ; mais dans la suite les Portugais y ont bâti du côté du nord une ville qu’ils ont nommée San-Phelipé, ou Saint-Philippe de Benguéla, et qu’ils appellent aussi le Neuf-Benguéla, pour la distinguer d’une ancienne ville du même nom, qui est située sur les bords de cette contrée du côté du nord, entre le port de Soto et la rivière de Dongo ou de Moréna. Carli, qui se trouvait dans le pays en 1666, dit que la ville de Benguéla est gardée par une garnison portugaise, avec un gouverneur de la même nation : il ajoute que le nombre des