Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/323

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siste en esclaves, qu’ils transportent à Porto-Rico, à Rio-de-la-Plata, à Saint-Domingue, à la Havanne, à Carthagène, et surtout au Brésil, pour le service des plantations et des mines. Autrefois les Espagnols transportaient annuellement plus de quinze mille esclaves dans leurs propres colonies, et l’on juge qu’aujourd’hui les Portugais n’en transportent pas moins. Leurs agens les achètent à cent cinquante et deux cent milles dans l’intérieur des terres. Lorsqu’ils arrivent sur la côte, ils sont ordinairement fort maigres et très-faibles, parce qu’ils sont mal nourris dans le voyage, et qu’on ne leur donne la nuit que le ciel pour toit et la terre pour lieu de repos. Mais, avant que de les embarquer, l’usage des Portugais de Loanda est de les bien traiter, dans une grande maison qui n’a point d’autre destination. Ils leur fournissent de l’huile de palmier pour se frotter le corps et se rafraîchir. S’il ne se trouve point de vaisseau prêt à les recevoir, ou s’ils ne sont point en assez grand nombre pour faire une cargaison complète, ils les emploient à la culture de leurs terres. Lorsqu’ils sont à bord, ils prennent soin de leur santé ; ils sont pourvus de remèdes, surtout de citrons, pour les garantir du scorbut. Si quelqu’un d’entre eux tombe malade, ils ne manquent point de le loger à part et de lui faire observer un régime salutaire. Dans leurs vaisseaux de transport, ils leur donnent des nattes, qui sont changées régulièrement de douze en douze