Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en poissons de différentes espèces. Celle de Zaïre en produit un fort remarquable, qui se nomme ambizagoulo (porc), parce qu’il n’est pas moins gras que cet animal, et qu’il fournit du lard. La nature lui a donné deux espèces de mains, et lui a formé le dos comme un bouclier : sa chair est fort bonne, mais elle n’a pas le goût de poisson ; sa gueule ressemble a celle du bœuf ; il se nourrit de l’herbe qui croît sur les bords de la rivière, sans jamais monter sur la rive. Quelques-uns de ces poissons pèsent jusqu’à cinq cents livres ; à cette description, l’on reconnaît le lamantin.

Pendant le séjour que Carli fit à Colombo, des pêcheurs prirent un grand poisson, de forme ronde comme une roue de carrosse. Il a deux dents au milieu du corps, et plusieurs trous par lesquels il voit, il entend, il mange : sa gueule, qui est une de ces ouvertures, n’a pas moins d’un empan de long : sa chair est délicieuse, et ressemble au veau pour la blancheur.

Lopez rapporte que le Zaïre nourrit des crocodiles. Mérolla, au contraire, assure formellement qu’il ne s’y en trouve point ; mais on convient qu’il s’en trouve un grand nombre dans les autres rivières du même pays. Battel, pour nous donner une idée de la grandeur et de l’avidité de ces monstres, rapporte que, dans le royaume de Loango, un crocodile dévora une allibamba entière, c’est-à-dire une troupe de huit ou neuf esclaves, liés de la même