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sions viennent alors à manquer, ils se contentent d’en ôter le poil, et de les faire un peu tremper dans l’eau, puis ils les rôtissent au feu pour les manger.

Quoique les Hottentots ne mangent jamais de sel entre eux, et qu’ils n’aient l’usage d’aucune sorte d’épice pour assaisonner leurs mets, ils aiment beaucoup les assaisonnemens de l’Europe, et mangent avidement toutes les viandes de haut goût, quoiqu’ils aient peine ensuite à se désaltérer. Kolbe observe que ceux qui s’accoutument à nos alimens ne vivent pas si long-temps et ne jouissent pas d’une si bonne santé que le reste de leurs compatriotes.

Les deux sexes ont une passion désordonnée pour le tabac. Un Hottentot aimerait mieux perdre une dent que la moindre partie de cette précieuse plante. Ils jugent mieux de sa bonté que l’Européen le plus délicat. Le tabac fait toujours une partie de leurs gages, lorsqu’ils se louent au service d’un blanc. S’ils manquent de tabac, ils se servent d’une autre plante nommée daka, qui envoie les mêmes vapeurs à la tête. Quelquefois ils les mêlent ensemble, et ce mélange se nomme bouzpesch. La racine de kanna, un des végétaux particuliers à ce pays, est fort estimée aussi des Hottentots, parce qu’elle produit les mêmes effets.

Ils demeurent, comme les Tartares, dans des villages mobiles, qu’ils appellent kraals. Ces habitations ne contiennent jamais moins de