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à certaines distances ; car deux hommes suffisent pour soutenir le bâton auquel le branle est attaché. Ils ne faisaient pas moins de quatre milles par heures ; mais on était quelquefois obligé d’attendre ceux qui portaient le bagage. On ne trouve point de chariots à Iakin, et les chevaux n’y sont guère plus grands que des ânes ; au reste, les chemins sont fort bons, et la perspective du pays aurait été très-agréable, si l’on n’y eût aperçu de tous côtés les ravages de la guerre. On y voyait non-seulement les ruines de quantité de villes et de villages, mais les os des habitans massacrés qui couvraient encore la terre. Le premier jour on dîna, sous des cocotiers, de diverses viandes froides dont on avait fait provision. Le soir on fut obligé de coucher à terre, dans quelques mauvaises huttes, qui étaient trop basses pour y pouvoir suspendre les hamacs. Tous les Nègres de la suite passèrent la nuit à l’air.

Le jour suivant, étant parti à sept heures du matin, le convoi se trouva, vers neuf heures, à un quart de mille du camp royal ; on crut avoir fait, depuis Iakin, environ quarante milles. Là, un messager envoyé par le roi fit à Snelgrave et aux autres blancs les complimens de sa majesté. Il leur conseilla de se vêtir proprement : ensuite, les ayant conduits fort près du camp, il les remit entre les mains d’un officier de distinction qui portait le titre de grand capitaine. La manière dont cet officier les aborda leur parut fort extraor-