Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pénétré d’horreur en racontant les circonstances de l’horrible festin qui s’était fait la nuit précédente. Les corps des Teffos avaient été bouillis et dévorés. Snelgrave eut la curiosité de se transporter dans le lieu où il les avait vus. Il n’y restait plus que les traces du sang, et son interprète lui dit en riant que les vautours avaient tout enlevé. Cependant, comme il était fort étrange qu’on ne vît pas du moins, quelques os de reste, il demanda quelque explication. L’interprète lui répondit alors plus sérieusement que les prêtres avaient distribué les cadavres dans chaque partie du camp, et que les soldats avaient passé toute la nuit à les manger. Voilà donc les Dahomays reconnus anthropophages ; mais le voyageur Atkins, qui n’en admet point, prétend que Snelgrave s’est laissé tromper.

Snelgrave n’ose donner cette étrange barbarie pour une vérité, parce qu’il ne la rapporte pas sur le témoignage de ses propres yeux ; mais il laisse juger à ses lecteurs si elle n’est pas bien confirmée par un autre récit qu’il tient lui-même d’un fort honnête homme, Robert Moore, alors chirurgien de l’Italienne, grande frégate de la compagnie anglaise. Ce bâtiment arriva dans la rade de Juida tandis que Snelgrave était à Iakin. Le capitaine John Dagge, qui le commandait, se trouvant indisposé, envoya Robert Moore au camp du roi de Dahomay avec des présens pour ce prince, Moore eut la curiosité de par-