Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Snelgrave avait connu à Juida, où il avait fait, pendant plusieurs années, les affaires de la cour de Dahomay. Cet officier, prenant la parole au nom de son maître, déclara que, malgré ses droits de conquérant, il ne mettrait pas plus d’impôt sur les marchandises qu’on n’était accoutumé d’en payer au roi de Juida. Snelgrave répondit que, sa majesté étant un prince beaucoup plus puissant que celui de Juida, on espérait qu’il exigerait moins des marchands. Cette objection parut embarrasser Zuinglar : il balançait sur sa réponse ; mais le roi, qui se faisait expliquer jusqu’au moindre mot par l’interprète, répondit lui-même qu’étant en effet un plus grand prince, il devait exiger davantage. « Mais, ajouta-t-il d’un air gracieux, comme vous êtes le premier capitaine anglais que j’aie jamais vu, je veux vous traiter comme une jeune mariée, à laquelle on ne refuse rien. » Snelgrave fut si surpris de ce tour d’expression, que, regardant l’interprète, il l’accusa d’y avoir changé quelque chose. Mais le roi, flatté de son étonnement, recommença sa réponse dans les mêmes termes, et lui promit que ses actions ne démentiraient pas ses paroles. Alors Snelgrave, encouragé par tant de faveurs, prit la liberté de représenter que la plus sûre voie pour faire fleurir le commerce était d’imposer des droits légers, et de protéger les Anglais, non-seulement contre les larcins des Nègres, mais encore contre les impositions arbi-