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fondé sur d’anciens services qu’ils avaient reçus des propriétaires, ils avaient exigé que le vaisseau fût remis entre les mains du seul officier qui lui restait. Lorsque Snelgrave rencontra l’Élisabeth, ce vaisseau avait disposé de toutes ses marchandises. Comme l’Élisabeth devait reconnaître ses ordres, Snelgrave invita le nouveau commandant à lui donner cent vingt esclaves qu’il avait à bord, et à prendre à leur place ce qui lui restait de marchandises ; après quoi il se proposait de quitter la côte pour aller se radouber à l’île de San-Thomé. Le commandant y consentit volontiers ; mais les gens de l’équipage firent quelques difficultés, sous prétexte que, les cent vingt esclaves étant avec eux depuis long-temps, ils avaient pris pour eux une certaine affection qui leur faisait souhaiter de ne pas changer leur cargaison. Snelgrave, s’apercevant que tous ses raisonnemens étaient inutiles, prit congé du commandant, et lui dit qu’il viendrait voir le lendemain qui aurait la hardiesse de s’opposer à ses ordres absolus.

Mais la nuit suivante il entendit tirer deux ou trois coups de fusil sur l’Élisabeth. La lune était fort brillante. Il descendit aussitôt lui-même dans sa chaloupe, et, se faisant suivre de ses deux canots, il alla droit vers ce vaisseau. Dans un passage si court, il découvrit deux Nègres qui, fuyant à la nage, furent déchirés à ses yeux par deux requins avant qu’il pût les secourir. Lorsqu’il fut plus près du bâ-