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maîtres. Ce traité fut fidèlement exécuté ; car deux jours après Snelgrave fit voile d’Anamabo à la Jamaïque ; et, pendant quatre mois qui se passèrent avant que la cargaison pût être vendue dans cette île, il n’eut aucun sujet de se plaindre de ses Nègres.

Telles furent les séditions qui arrivèrent sur les vaisseaux que Snelgrave commandait. Mais il en rapporte une autre fort remarquable, arrivée sur le Ferrers de Londres, commandé par le capitaine Messervy.

Snelgrave, ayant rencontré ce bâtiment dans la rade d’Anamabo, en 1722, apprit du commandant avec quel bonheur il avait acheté en peu de jours près de trois cents Nègres à Setrakrou. Il paraît que les habitans de cette ville avaient été souvent maltraités par leurs voisins, et qu’ayant pris enfin les armes, ils les avaient battus plusieurs fois, et avaient fait quantité de prisonniers. Messervy, arrivé dans ces circonstances, avait acheté des esclaves à bon marché, parce que les vainqueurs auraient été obligés de les tuer pour leur sûreté, s’il ne s’était pas présenté de vaisseaux dans la rade. Comme c’était le premier voyage qu’il faisait sur cette côte, Snelgrave lui conseilla de ne rien négliger pour tenir tant de Nègres dans la soumission. Le lendemain, l’étant allé voir sur son bord, et le trouvant sans défiance au milieu de ses esclaves, qui étaient à souper sur le tillac, il lui fit observer qu’il y avait de l’imprudence à s’en approcher si librement