Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/136

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toutes les affaires où l’on ne s’en tient pas au jugement des gouverneurs particuliers des provinces ou des villes. Ces deux officiers en ont de subalternes, qui portent pour marque de leur dignité un bâton crochu par le haut. De quelques ordres qu’on leur confie l’exécution, la vue de ce bâton est aussi respectée que le sceau même des adigars. Si l’adigar ignore ses fonctions, ces officiers l’en instruisent. Dans toutes les autres charges, il y a des officiers inférieurs qui suppléent à l’ignorance du premier par leur expérience et leurs lumières. Il ne faut pas aller si loin qu’à Ceylan pour voir la même chose.

Les noms d’honneur qu’on donne aux grands sont celui d’oussai, lorsqu’ils sont à la cour ; ce qui revient à notre messire ; et lorsqu’ils sont éloignés du roi, ceux de sibatta et de dishoudren, qui signifient seigneurie ou excellence. S’ils sortent à pied, c’est toujours en s’appuyant sur le bras d’un écuyer. L’adigar joint à cette marque de grandeur un homme qui marche devant lui avec un grand fouet qu’il fait claquer, pour avertir le peuple de se tenir à l’écart. Ces courtisans, au milieu de leurs plus grands honneurs, sont exposés à des infortunes qui rendent leur situation peu digne d’envie. C’est une disgrâce fort ordinaire pour un seigneur d’être enchaîné dans une obscure prison. Ils sont toujours prêts à mettre la main l’un sur l’autre pour exécuter l’ordre du roi, et ravis même d’en être chargés,