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écorce est la cannelle, qui paraît blanche sur le tronc, mais qu’on enlève et qu’on fait sécher au soleil. Les insulaires ne la prennent que sur de petits arbres, quoique l’écorce des grands ait l’odeur aussi douce, et le goût de la même force. Le bois est sans odeur ; il est blanc, et de la dureté du sapin. On s’en sert à toutes sortes d’usages. Sa feuille ressemble à celle du laurier par la couleur et l’épaisseur, avec cette seule différence que la feuille du laurier n’a qu’une côte droite, sur laquelle le vert s’étend des deux côtés, et que celles de la cannelle en ont trois, par le moyen desquelles elles s’élargissent. En commençant à pousser, elles ont la rougeur de l’écarlate. Frottées entre les mains, elles ont l’odeur du clou de girofle plus que celle de la cannelle. Le fruit, qui mûrit ordinairement au mois de septembre, ressemble au gland, mais il est plus petit. Il a moins d’odeur et de goût que l’écorce. On le fait bouillir dans l’eau pour en tirer une huile qui surnage, et qui, étant congelée, devient aussi blanche et aussi dure que du suif. L’odeur en est fort agréable : les habitans s’en oignent le corps ; ils en brûlent aussi dans leurs lampes ; mais on n’en fait des chandelles que pour le roi.

Knox parle, dans son journal, du bogahas, que les Européens ont nommé l’arbre-dieu, parce que les Chingulais le croient sacré et lui rendent une sorte d’adoration. Cet arbre est fort grand, et ses feuilles tremblent sans cesse comme