Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/173

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coupé d’un seul coup, ou, si la sentence était capitale, pour recevoir la mort sans languir. Le marché se concluait à la vue des spectateurs, et la somme était payée sur-le-champ. Celui qui manquait d’argent, ou qui le préférait à sa sûreté, s’exposait à se voir couper le nez si haut, que le cerveau demeurait à découvert ; à se voir hacher le pied de deux ou trois coups, à perdre une partie de la joue ou de l’oreille. Mais Beaulieu admire qu’à l’âge même de cinquante ou soixante ans, toutes ces mutilations soient rarement mortelles, quoiqu’on n’y apporte point d’autre remède que de mettre dans de l’eau les parties mutilées, d’arrêter le sang et de bander la plaie. Il ne reste d’ailleurs aucune tache aux coupables qui ont subi cette rigoureuse justice. Ils seraient en droit de tuer impunément ceux qui leur feraient le moindre reproche. « Tout homme, disent les Achémois, est sujet à faillir, et le châtiment expie la faute. » Il ne manque rien à cette belle justice, puisqu’il plaît aux historiens de l’appeler ainsi, si ce n’est que le bourreau, qui doit être un des hommes les plus riches du royaume, devrait en conscience partager avec le despote l’argent qu’il reçoit pour le nez et les oreilles qu’il coupe proprement.

Le chef de la religion, qui porte le titre de cadi dans le royaume d’Achem, juge toutes les affaires qui concernent les mœurs et le culte établi. Le sabandar préside à celles du commerce. Quatre mérignes, ou chefs de pa-