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une feuille de bétel dans un magasin rempli de durions, ils se pouriront presque aussitôt. D’ailleurs, si l’on a mangé de ces fruits avec assez d’excès pour en avoir l’estomac trop chargé, une feuille de bétel qu’on se met sur le creux de l’estomac dissipe immédiatement l’incommodité, et l’on ne craint jamais d’en manger trop, lorsqu’on a sur soi quelques feuilles de bétel.

L’arbre qui se nomme lantor est aussi d’une beauté extraordinaire dans l’île de Java : ses feuilles sont de la longueur d’un homme. Elles sont si unies, qu’on peut écrire dessus avec un crayon ou un poinçon ; aussi les habitans de l’île s’en servent-ils au lieu de papier, et leurs livres en sont composés. Ils ont néanmoins une autre sorte de papier qui est faite d’écorce d’arbre, mais qu’on n’emploie que pour faire des enveloppes.

Le cubèle, le mangoustan et le jaquier n’ont point de propriété plus remarquable que celle d’exciter au plaisir ; et c’est l’effet d’un grand nombre de productions de ces climats où l’homme, esclave et avili, semble n’avoir de consolation que la volupté.

Il croît dans l’île de Java de gros melons d’eau fort verts et d’un agrément particulier dans le goût. Le benjoin est encore une des productions les plus estimées. C’est une sorte de résine qui ressemble à l’encens ou à la myrrhe, mais qui est beaucoup plus précieuse par ses usages dans la médecine et dans les