Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pation continuelle est le meurtre et le brigandage. Ils entrent audacieusement dans les villes et les maisons. Ils volent en plein jour, et coupent la tête à ceux qui leur résistent. Des voyageurs anglais rapportent qu’un jour ces brigands entrèrent dans une maison voisine du comptoir anglais, où ne trouvant qu’une femme, ils lui coupèrent la gorge ; mais les cris du mari qui arriva au même moment les forcèrent de prendre la fuite sans qu’ils eussent le temps d’emporter la tête. En vain les Anglais se mirent à les poursuivre. Ils sont fort prompts à la course, sans compter que leur ressemblance avec les Javanais leur donne la facilité de se mêler dans la foule et de se contrefaire avec tant d’adresse, que souvent ils reviennent parmi les curieux au lieu même d’où la crainte du châtiment vient de les chasser. Un voyageur anglais raconte que plusieurs femmes de la ville prirent cette occasion de se défaire de leurs maris en leur coupant la tête pendant la nuit, et la vendant aux Lampouns. Il ajoute la raison qui portait ces brigands à couper tant de têtes. Ils étaient gouvernés par un roi qui leur donnait une somme pour chaque tête d’étranger qu’ils lui apportaient ; de sorte, continue l’auteur, qu’ils déterraient quelquefois les morts pour tromper leur roi par un faux présent.