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pour les étrangers. On fait une triste description du berber, maladie fort commune dans les cinq îles. Elle fait enfler tout le corps, affaiblit les membres, et les rend presque inutiles. Cependant les habitans ont découvert un préservatif dont l’effet passe pour certain, lorsqu’il n’est pas employé trop tard. C’est un vin des Philippines, pris avec du clou de girofle et du gingembre. Les Hollandais attribuent la même vertu au suc de citron.

Les Moluques produisent une quantité surprenante d’épiceries et de plantes aromatiques, surtout de clous de girofle, de noix et de fleurs de muscade, de bois de sandal, d’aloës, d’oranges, de citrons et de cocos. Elle n’ont ni blé ni riz ; mais la nature et l’industrie suppléent à ce défaut. Les habitans pilent le bois d’un arbre qui ressemble beaucoup au palmier sauvage, et qui rend une sorte de farine très-blanche, dont ils font des petits pains de la forme des pains de savon d’Espagne. Cet arbre ou cette plante, qu’ils nomment sagou, s’élève de quinze ou vingt pieds, et pousse des branches qui approchent de celles du palmier. Son fruit, qui est rond et fort semblable à celui du cyprès, contient une sorte de fils ou de petits poils déliés qui causent de l’inflammation lorsqu’ils touchent à la chair. En coupant les branches tendres de la plante, on en fait sortir, comme de la plupart des palmiers, une liqueur qui sert de breuvage aux Indiens. Cette liqueur, qu’ils nomment