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foudre, en tombant sur les mâts, des vaisseaux et sur les plus gros arbres, les fend quelquefois du haut en bas. On assure, d’après une expérience réitérée, que c’est l’effet de véritables carreaux, et qu’on en a réellement trouvé plusieurs à l’ouverture des fentes ; mais ces observations auraient besoin d’être constatées par de meilleurs physiciens que ne le sont la plupart des voyageurs que nous suivons ici.

Les mers d’Amboine offrent un spectacle plus étrange dans la différence de leurs eaux. Deux fois l’an, avec la nouvelle lune de juin et d’août, la plaine liquide paraît, de nuit, comme coupée par plusieurs gros sillons qui ont la blancheur du lait, et qui semblent ne faire qu’un composé avec l’air, quoique pendant le jour on n’y remarque aucun changement. Cette eau blanche, qui ne se mêle pas avec l’autre, a plus ou moins d’étendue à proportion que les vents du sud-est, les orages et les pluies en augmentent le volume ; mais celle du mois d’août est la plus abondante. On la voit principalement des îles de Key et d’Arou, autour du sud-est, jusqu’à Tenember et Timor-Laout au sud ; à l’ouest, jusqu’à Timor ; au nord, près de la côte méridionale de Céram ; mais elle ne passe pas au nord d’Amboine. Personne ne sait d’où elle vient ni quelles en peuvent être les causes. L’opinion la plus commune est qu’elle commence au sud-est, et qu’elle sort de ce grand golfe qui est entre le continent des terres australes et la Nouvelle-