Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bitans entretiennent avec soin, parce que les maisons en reçoivent de l’obre, et qu’ils y trouvent une fraîcheur continuelle pendant la chaleur du jour. On n’y voit point d’autres édifices de pierre que le palais du roi et quelques mosquées ; mais, quoique toutes les autres maisons soient de bois, la vue n’en est pas moins agréable par la variété de leurs couleurs. Le bois d’ébène, qui domine particulièrement, est d’un éclat qui surprend les étrangers ; et les pièces en sont enchâssées avec tant d’art, qu’on n’en aperçoit pas les jointures. Le plus grand de ces bâtimens n’a pas plus de quatre ou cinq toises de long sur une ou deux de largeur. Les fenêtres en sont fort étroites, et le toit n’est composé que de grandes feuilles, dont l’épaisseur résiste à la pluie. La plupart sont élevées et soutenues en l’air sur des colonnes d’un bois si dur, qu’il passe pour incorruptible. On y monte par une échelle que chacun tire soigneusement après lui, lorsqu’il est entré, dans la crainte d’être suivi de quelque chien. Cet animal passe pour immonde ; et ces insulaires, qui sont les plus superstitieux de tous les mahométans, se croiraient indignes du jour, s’ils n’allaient se laver dans la rivière aussitôt qu’un chien les a touchés. Sur le toit, qui est plat et fort bas, chaque maison a toujours trois croissans, dont deux sont droites et font les deux extrémités. Celui du milieu est renversé. On trouve à Mancaçara, dans un grand nombre de bouti-