Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/288

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leur religion, et sur la manière dont les Hollandais se sont établis dans leur île.

Il n’y a pas deux cents ans que les Macassarois étaient tous idolâtres. Leurs docteurs enseignaient que le ciel n’avait jamais eu de commencement ; que le soleil et la lune y avaient toujours exercé une souveraine puissance, et qu’ils y avaient vécu en bonne intelligence jusqu’au jour d’une malheureuse querelle où le soleil avait poursuivi la lune dans le dessein de la maltraiter ; que, s’étant blessée en fuyant devant lui, elle avait accouché de la terre, qui était tombée par hasard dans la situation qu’elle garde encore ; que cette lourde masse s’étant entr’ouverte dans sa chute, il en était sorti deux sortes de géans ; que les uns s’étaient rendus maîtres de la mer, où ils y commandaient les poissons ; que dans leur colère ils y excitaient des tempêtes, et qu’ils n’éternuaient jamais sans y causer quelque naufrage ; que les autres géans s’étaient enfoncés jusqu’au centre de la terre pour y travailler à la production des métaux, de concert avec le soleil et la lune ; que, lorsqu’ils s’agitaient avec trop de violence, ils faisaient trembler la terre, et qu’ils renversaient quelquefois des villes entières ; qu’au reste, la lune était encore grosse de plusieurs autres mondes, qui n’avaient pas moins d’étendue que le nôtre, et qu’elle en accoucherait successivement pour réparer les ruines de ceux qui devaient être consumés par l’ardeur du soleil ; mais qu’elle