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près que les petits sont éclos, on y trouve le jaune entier sans aucun blanc, et qu’alors ils ne sont pas moins bons à manger qu’auparavant : d’où l’on conclut qu’il n’est pas toujours vrai que la fécondité vienne du jaune des œufs. On rôtit les petits sans attendre qu’ils soient couverts de plume. Ils sont aussi bons que les meilleurs pigeons. Les Espagnols mangent souvent, dans le même plat, la chair des petits et le jaune de l’œuf. Mais ce qui suit est beaucoup plus remarquable. La femelle rassemble ses œufs jusqu’au nombre de quarante ou cinquante, dans une petite fosse qu’elle couvre de sable, et dont la chaleur de l’air fait une espèce de fourneau. Enfin, lorsqu’ils ont la force de secouer la coque et d’ouvrir le sable pour en sortir, elle se perche sur les arbres voisins ; elle fait plusieurs fois le tour du nid en criant de toute sa force ; et les petits, excités par le son, font alors tant de mouvemens et d’efforts, que, forçant tous les obstacles, ils trouvent le moyen de se rendre auprès d’elle. Les tavons font leurs nids aux mois de mars, d’avril et de mai, temps auquel, la mer étant plus tranquille, les vagues ne s’élèvent point assez pour leur nuire. Les matelots cherchent avidement ces nids le long du rivage. Lorsqu’ils trouvent la terre remuée, ils l’ouvrent avec un bâton, et prennent les œufs et les petits, qui sont également estimés.

On voit aux Philippines une sorte de tourterelles dont les plumes sont grises sur le dos