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qui n’ont de propriétés remarquables que dans les îles Philippines. On en distingue deux, également estimés des Espagnols et des Indiens : ils croissent naturellement dans les bois. On a déjà vanté le premier, qui se nomme santor, et dont on fait d’excellentes confitures dans un pays où le quintal de sucre ne vaut pas un écu. Carreri en donne une exacte description. Il a la figure et même la couleur d’une pêche ; mais il est un peu plus plat ; son écorce est douce : en l’ouvrant on y trouve cinq pepins aigres et blancs. Il se confit également au sucre et au vinaigre ; et, pour troisième propriété, il donne un fort bon goût au potage. L’arbre ressemblerait parfaitement au noyer, s’il n’avait les feuilles plus larges. Elles ont une vertu médicinale, et le bois est excellent pour la sculpture.

L’autre fruit, qui se nomme mabol, est un peu plus gros que le premier, mais cotonneux et de la couleur de l’orange. L’arbre est de la hauteur d’un poirier, chargé de branches et de feuilles qui ressemblent à celles du laurier. Le bois, coupé dans sa saison, approche de la beauté de l’ébène.

On n’a pu faire croître aucun fruit de l’Europe à Manille et dans les autres îles. Les figuiers même, les grenadiers et le raisin muscat qu’on y transporte n’y parviennent jamais à maturité.

Carreri s’étend beaucoup sur une autre espèce d’arbres, qui font le principal revenu des