Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manient avec beaucoup de grâce. Aussi les Espagnols ne les trouvent pas indignes d’être introduits dans leurs fêtes. Les compositions, dans leur langue, ne manquent ni d’agrément ni d’éloquence ; mais ils mettent leur principal amusement dans le combat des coqs, qu’ils arment d’un fer tranchant, dont ils leur apprennent à se servir.

On n’a rien trouvé jusqu’à présent qui puisse jeter du jour sur la religion et l’ancien gouvernement des insulaires naturels. Les seules lumières qu’on ait tirées d’eux leur sont venues par une espèce de tradition, dans des chansons qui vantent la généalogie et les faits héroïques de leurs dieux. On sait qu’ils en avaient un auquel ils portaient un respect singulier, et que les chansons tagales nomment barhalamay-capal, c’est-à-dire, dieu fabricateur. Ils adoraient les animaux, les oiseaux, le soleil et la lune. Il n’y avait point de rocher, de cap et de rivière qu’ils n’honorassent par des sacrifices, ni surtout de vieil arbre auquel ils ne rendissent quelques honneurs divins ; et c’était un sacrilège de le couper. Cette superstition n’est pas tout-à-fait détruite. Rien n’engagera un insulaire à couper certains vieux arbres dans lesquels ils sont persuadés que les âmes de leurs ancêtres ont leur résidence. Ils croient voir sur la cime de ces arbres divers fantômes qu’ils appellent tibalang, avec une taille gigantesque, de longs cheveux, de petits pieds, des ailes très-étendues, et le corps